Il faut interdire les assurances contre défaut de paiement pays

Le 17-06-2011

Figurez-vous que jeudi 16 juin, les contrats d'assurance contre le non remboursement de la dette (CDS) de la Grèce ont de nouveau bondi, pour atteindre un niveau jamais vu qui en fait le pays le plus risqué au monde au regard du marché des produits financiers dérivés. Les CDS de la Grèce s'affichaient à 2.072 points de base, selon le spécialiste des données du marché de gré à gré CMA, filiale de la Bourse de Chicago, le CME. Cela signifie en clair que pour s'assurer contre le non remboursement de 10 millions de dollars (base du contrat en général) de dette grecque à un horizon de 5 ans, un créancier devra payer 2,07 millions de dollars par an d'ici à l'échéance. Cela fait 10,36 millions $ de prime pour couvrir un actif de 10 millions $. S’il y a des couillons qui payent, vous me direz que c’est bien fait pour eux. Un “investisseur” devra donc débourser plus que le montant de la dette qu'il détient pour l'assurer sur 5 ans. Selon l'indicateur du CMA, le niveau du CDS signifie que les investisseurs considèrent que la Grèce a une probabilité de 78,9% de faire défaut avant le dénouement du CDS, soit dans 5 ans. En cas de “défaut” on ne perd pas tout... L’Argentine a payé entre 25% et 45% ses créanciers, selon les catégories de prêteurs et leurs exigences de rapidité. En deux jours, les CDS de la Grèce ont pris près de 500 points de base.

A titre de comparaison, le pays considéré comme le plus risqué après la Grèce est le Venezuela, dont les CDS cotaient jeudi 1.131 points seulement, correspondant à une probabilité de défaut à 5 ans de 54,5%, au regard des spéculateurs. A l'autre bout du spectre, le CDS de l'Allemagne se situait jeudi à 42,3 points de base. Le “marché de l’occasion” des dettes souveraines de la Grèce (qui n’émet plus qu’à trois ou six mois désormais) donnait des taux grecs à 10 ans se rapprochant des 18% à 17,685% contre 17,439 % la veille au soir, reflétant l'inquiétude des rares opérateurs de ce marché hyper étroit alors qu'Athènes semble désormais plonger dans une crise politique, la démagogie de certains le disputant au cynisme (deux mots venus du grec). L'Espagne, montrée aussi du doigt par les marchés financiers du fait de l'importance de ses déficits publics, enregistrait une hausse sur ses taux longs à 5,649% contre 5,539% mercredi soir. On m’a reproché de comparer l’offensive spéculative actuelle avec la montée du péril nazi avant septembre 1939. Pourtant, sur ce sujet comme les autres, j’ai raison. Il faut être ferme “à la Churchill” et en terminer vite avec ces CDS.

Nicolas Miguet
Président du Rassemblement des Contribuables Français