Une panique qui sort de l’ordinaire et qui était prévisible

Le 01-09-2011

Dans les faibles marchés d’août, tout peut se passer. Il y a eu un krach, un de plus vous me direz. C’est comme l’orage, on sait qu’il va éclater, on vous prévient du danger, mais on ne sait pas l’heure et le lieu exact où la foudre va se déchaîner. Pour résumer, je dirai que très mal en point du fait de leurs divisions concernant leurs immenses déficits publics, la “machine de guerre économique” des Etats-Unis a voulu faire sauter la boutique du principal concurrent, l’Europe. Parfois, il y a des vagues qui se conjuguent et la dégradation surprise non de la notation de la France, mais de celle du crédit public des Etats-Unis, avec “surveillance négative” en prime a fait que le tsunami européen s’est conjugué avec celui de Wall Street pour créer une vague de vente particulièrement forte. Comme il s’agit du mois d’août, période creuse, les décalages ont été spectaculaires et ont touché non les obligations d’Etat, mais les titres des entreprises cotées, solides, désendettées et pourtant de moins en moins dépendantes des marchés “occidentaux”.

Pour financer leur dette, les Etats-Unis ont besoin que le dollar inspire encore un minimum de confiance. Il y a dix ans, les monnaies constituant l’euro ne représentaient guère que 15% à 20% des réserves mondiales et le dollar 75%. Aujourd’hui, le dollar est en dessous de 65% des réserves mondiales, l’euro à 30%. C’est un peu comme pour Boeing et Airbus il y a dix ans, on est proche du point de basculement. La Chine a de moins en moins de raisons de vendre les euros qu’elle gagne en commerçant avec l’Europe pour acheter des dollars qui rapportent rien et dont la valeur baisse au fil des émissions de la Federal Reserve. Le coup de boutoir sur le petit dossier grec était un coup d’essai. Il y a eu des tests sur l’Espagne et sur l’Italie, deux plus gros morceaux. L’intervention massive de la Banque centrale européenne a cassé la machine spéculative. L’Italie comme l’Espagne ont été forcées de donner une franche accélération au redressement de leurs finances publiques. La France a été obligée d’augmenter ses impôts plus fortement que prévu. L’Allemagne cherche à éviter de se faire entraîner dans une spirale de déficits, alors qu’elle arrive tout naturellement dans les clous de Maastricht dès 2011. Faut-il préciser qu’il n’y a pas de récession US en vue ?

Nicolas Miguet
Président du Rassemblement des Contribuables Français