Tous pourris ? Non. Mais certains le sont, et pas qu’un peu

Le 14-09-2011

Je me souviens d’une conversation tenue avec l’ancien président du Conseil constitutionnel, Roland Dumas, rencontré dans un aéroport lors d’un de mes déplacements en province. L’avocat qu’il était redevenu m’avais confié qu’en 1995, le conseil qu’il présidait alors avait toutes raisons pour rejeter les comptes de campagne des deux finalistes (Chirac et Jospin), mais aussi d’Edouard Balladur. Les membres dudit conseil avaient relevé de nombreux manques dans les comptes, et des dépenses très importantes n’y figurant pas, alors que cette comptabilité est plafonnée en théorie. Pourquoi ont-il alors validé les comptes, l’élection et évité une annulation de l’élection ? “Nous ne nous sommes pas vus aller contre le résultat du suffrage universel”. En 1995, les services de la campagne de Jacques Chirac m’avaient demandé, es-qualité de directeur du Quotidien de Paris, de router un numéro entre les deux tours, avec notamment une interview d’Alain Griotteray, sur un vaste fichier d’environ 150.000 noms. Comment refuser une opération de promotion, payée qui plus est, même sans marge ?

La facture me fut réglée dans un bureau de l’avenue d’Iéna en espèces (sic). Je suis quasi certain que cette facture n’a pas été intégrée dans les comptes de campagne. Le préposé de notre banque, en revanche, a exigé de prendre une copie de la facture quand j’ai procédé au dépôt de la somme sur le compte de l’entreprise. Je me souviens de l’épisode comme si c’était hier. Je me souviens également que, après avoir payé le papier, l’imprimeur, La Poste et le routeur, il nous est resté à peine plus de 30.000 francs de marge sur une opération qui ne nous a apporté que quelques dizaines d’abonnements et n’a pas eu d’effet sur la vente au numéro, ultérieurement. Quand monsieur Robert Bourgi affirme avoir apporté 20 millions de dollars en dix ans à Chirac ou Villepin, il est crédible. D’autres intermédiaires ont existé. L’un d’entre eux, fils d’un avocat d’Elf, adjoint au maire de Jacques Chirac (il est passé au PS depuis, sic) a pu constater que Chirac comptait les billets puisque, accusé d’avoir “endormi” une ou deux liasses, il fut viré comme un malpropre. Pour ma part, le RCF est un parti ultra-pauvre, non subventionné, obligé de mendier vos dons pour participer à l’assainissement des moeurs de la vie politique française.

Nicolas Miguet
Président du Rassemblement des Contribuables Français