Grosso modo, en deux ans, on mange trois ans de récolte

Le 23-12-2010

Sainte Christine nous l’a annoncé le jour de l’hiver, c’est tout un symbole !!! La ministre des Finances Christine Lagarde a arrêté à 184 milliards d'euros le montant de dette obligataire à moyen et long terme (sans compter les 7 à 8 milliards € de bons du Trésor à quelques semaines émis quasi chaque semaine) qui sera émis par la France en 2011, soit un peu moins que l'an passé, a annoncé l'Agence France Trésor (AFT) qui gère la dette française. Bingo ? Superbingo ? Que nenni ! En 2010, il y a eu un sacré dérapage. L’AFT avait prévu d'emprunter 188 milliards d'euros, chiffre qui prenait en compte le grand emprunt et a été finalement dépassé, pour atteindre la somme énorme de 210 milliards €. Pour l'année à venir, le besoin de financement de la France s'élève à 187 milliards d'euros, indique l'AFT. Ce montant a été légèrement revu à la baisse par rapport à celui de 189,4 milliards d'euros arrêté à la fin du mois de septembre.

Cela fait de la France le deuxième émetteur de dette publique au monde, derrière les Etats-Unis, devant une Allemagne qui redresse ses finances publiques à très grande vitesse. Le besoin de financement prend en compte un déficit du budget de l'Etat prévu à 91,6 milliards d'euros en 2011, le remboursement de 94,8 milliards de dette à moyen et long terme venant à échéance ainsi que de 600 millions de dettes reprises par l’Etat mais ne comprend pas les échéances sociales (Cades et Arcos) ni les refinancements des entreprises publiques (La Poste, EDF, SNCF) et autres “machins”. Outre les émissions obligataires dont le montant vient d'être annoncé et qui se feront sous forme de BTAN (Bons du Trésor à intérêts annuels) et d'OAT (obligations assimilables du Trésor), le besoin de financement sera également couvert par des annulations de titre par la Caisse de la dette publique à hauteur de 2,9 milliards d'euros. Comme au cours des années précédentes, l’Agence France Trésor a indiqué qu'elle ajusterait ses émissions pour répondre à la demande et assurer la liquidité des titres (capacité des investisseurs à les revendre facilement). La seule question est de savoir à quelle date le gouvernement se rendra en délégation à Notre-Dame de Paris pour lui demander de prier pour que les agences de notation US ne dégradent pas trop nos conditions d’emprunts.

Nicolas Miguet
Président du Rassemblement des Contribuables Français