Les Français sont riches, mais endettés (public et privé)

Le 26-01-2011

Une étude récente effectuée sur les différents pays du monde entier montre que la France (dette publique, dette des entreprises et dettes des individus) doit plus de deux années de PIB, contre 1,6 année pour l’Allemagne et 0,62 an pour la Russie au moment de sa faillite de 1998 ou l’Argentine au moment de sa faillite de 2001. Hors immobilier, la valeur totale de notre patrimoine (essentiellement privé) est de l’ordre de 4.150 milliards, dont 1.000 milliards € en liquidités. La valeur de l’immobilier est aujourd’hui estimée (prix de 2010) à 6.500 milliards d’euros. Est-ce réaliste ? L’immobilier est par nature peu liquide, car ce type de patrimoine vient surtout de la possession de la résidence principale. L’immobilier actuel est peu efficace au point de vue énergétique et la mise progressive du parc de logements aux normes d’isolation “haute qualité énergétique” va nécessiter entre 250 et 400 milliards € d’investissements dans une isolation poussée du parc ancien. Les terres agricoles, actuellement peu valorisées, et les forêts (idem), ont en revanche une perspective d’appréciation forte dans les vingt ans à venir du fait de leur raréfaction et de la nécessité de mieux valoriser leur production.

Nos entreprises (8% des 500 premières entreprises mondiales sont françaises) ne sont pas comptées à leur juste valeur dans ce patrimoine des Français. Le patrimoine financier est pour environ 500 milliards détenu sous forme de créances sur l’Etat français, qui doit plus de 1.000 milliards à des détenteurs étrangers. C’est là que le bas (de laine) blesse. On pourrait se rassurer en contemplant une valeur de presque 11.000 milliards d’euros de notre patrimoine public et privé. On aurait tort. Avec très vite presque 2.000 milliards € de dette publique (entreprises d’Etat et Sécu comprises), qui sont financés aujourd’hui en moyenne sur sept ans, à des taux très bas (de 1,3% sur un an à 3,4% sur 10 ans et 4% sur trente ans), le poids des intérêts absorbe déjà presque un quart des recettes ordinaires de l’Etat. Pour “faire face” à une remontée (inéluctable) des taux (en moyenne, 4% l’an ces dix dernières années, 5,5% l’an les dix précédentes), il faudrait augmenter les impôts directs et indirects de 35% ou de 40%. C’est impossible. Les prêteurs vont s’en apercevoir très vite, désormais.

Nicolas Miguet
Président du Rassemblement des Contribuables Français