Quand la Chine vient chercher ses matières premières... en Europe

Le 08-03-2011

Chaque année, 12 millions de véhicules dits hors d’usage sont détruits en Europe, par des recycleurs et des démolisseurs qui doivent respecter de très sévères règles de sécurité. Il faut supprimer les matières toxiques, démonter certaines pièces en vue de leur réutilisation, puis transmettre ces voitures et utilitaires légers à des broyeurs qui trient ensuite les différentes matières restantes, en vue de recyclage, soit la bagatelle de 12 millions de tonnes de matières premières diverses, de l’acier au plastique, en passant par l’aluminium, le cuivre et des métaux précieux (catalyseurs des échappements). Ces matières premières ne sont pas (ou très peu) issues de mines européennes. Les 12 millions de tonnes sont une ressource précieuse donc. La société chinoise Huaren Ressources Recycling (H&R) fait le tour des recycleurs européens pour leur acheter les véhicules une fois dépollués et pour les exporter en bateau vers la Chine, en utilisant les capacités de fret libre lors du voyage retour des porte-conteneurs qui déversent chez nous les importations venues de Chine. Des recycleurs autrichiens et espagnols ont dit oui...

Du coup, la Chine récupère de plus en plus de carcasses et H&R vise au moins 2 millions de carcasses par an dès 2012. Cela me fait penser au “bureau Otto” qui, durant l’occupation allemande en France, venait récupérer chez nous les matières premières indispensables à l’effort de guerre du régime nazi. La Commission européenne ne bouge pas son petit doigt dans l’affaire... L’affaire n’est pas mince pourtant. La Chine bloque les exportations de terres rares mais vient chercher sournoisement chez nous les matières premières indispensables à sa croissance. H&R est, selon mes informations, une entreprise d’Etat, de surcroît. On crierait au loup si une entreprise chinoise venait à lancer une OPA sur Alcatel-Lucent, mais c’est dans l’indifférence que l’on vient ramasser chez nous des matières totalement indispensables à notre industrie. Outre les carcasses de vieilles voitures, cette entreprise, via ses bureaux d’achats, fait des contrats avec les ferrailleurs qui récupèrent (entre autres) les câbles volés à la SNCF. La guerre économique se joue sous nos yeux. Notre classe politique, française et européenne, est peuplée de naïfs (corrompus) qui oublient les sujets essentiels.

Nicolas Miguet
Président du Rassemblement des Contribuables Français