Il court, il court, le déficit, et les intérêts remontent aussi

Le 12-04-2011

Dire que la situation du prochain Président de la République sera facile serait mentir. Entre novembre 2010 et le 8 avril 2011, en cinq mois donc, les intérêts exigés par les prêteurs pour fournir de l’argent à dix ans à la France (les fameuses OAT) ont grimpé de +36%, de moins de 2,8% l’an à 3,8% désormais. L’affichage d’un déficit public inférieur à ce qui était prévu dans le budget (7% contre 7,7% du PIB) ne fait pas illusion. L’Etat récupère tout ce qu’il peut en recettes exceptionnelles (on fait les poches de la Caisse des dépôts, celles de la Banque de France, on frappe des monnaies commémoratives, on émet plus de timbres postes “de collection” que l’URSS de naguère, on vend des licences en téléphonie mobile...) et ne réduit pas ses dépenses. Christine Lagarde fanfaronne en proclamant réduire les déficits à 5,7% du PIB en France en 2011, contre 6% prévus... mais l’Allemagne voisine sera à 3% ou moins dès cette année 2011. Si la France réalise un déficit supérieur à 4,9% de son PIB en 2011, elle entrera dans la zone de turbulences car le programme du PS d’augmenter les impôts comme les dépenses publiques fait peur. Les marchés ne s’y trompent pas : plus les années passent, plus la somme des intérêts à payer sur la dette publique devient importante et plus il faudra serrer les boulons.

En cinq mois, le taux principal de la dette a augmenté de 1% ce qui veut dire, extrapolé au stock actuel de dette publique, représente 18 à 19 milliards € d’intérêts en plus à payer... C’est plus de 0,9% du PIB, c’est la moitié de la croissance envisagée pour 2011 en France. Les efforts, c’est maintenant qu’il convient de les faire. Il faut annuler immédiatement 8 à 12 milliards € des crédits votés par le Parlement dans le budget et il faut “serrer la vis” aux autres dépensiers publics (Sécu, collectivités locales...). Si nous sommes à 3,8% d’intérêts annuels aujourd’hui, nous serons au-dessus de 4,5% au moins en avril 2012, peut-être même à 5% et au-delà. L’Espagne a beau avoir un stock de dettes très inférieur au nôtre (62% du PIB contre 90% environ), elle paye actuellement 5,25% d’intérêts par an sur dix ans. Si la France passe de 2,8% (l’an passé) à 5,25% pour les intérêts à payer, cela représentera une addition supplémentaire de 46,5 milliards € à sortir chaque année... Doublement à venir de l’impôt sur les revenus.

Nicolas Miguet
Président du Rassemblement des Contribuables Français