L’Allemagne est sortie de la crise et ce n’est pas bon pour nous

Le 16-04-2011

Ce qui est bon pour notre grand voisin ne l’est pas obligatoirement pour nous. L'Allemagne a relevé sa prévision de croissance pour cette année, confirmant qu'elle jouait presque cavalier seul dans une Europe qui peine à retrouver son niveau d'avant crise dans son ensemble. Berlin table dorénavant sur un Produit intérieur brut (PIB) en hausse de 2,6% cette année. En janvier, il attendait 2,3%. Il n’est pas interdit de penser que le chiffre final sera de 3%. La première économie européenne continue à profiter de l'appétit mondial, en particulier des pays émergents, pour les machines, produits chimiques et voitures “made in Germany”. La contribution du commerce extérieur à la croissance est cependant de moins en moins importante: après 1,3 point de pourcentage l'an dernier (sur une croissance de 3,6%), elle sera de 0,5 point cette année, et 0,3 point l'an prochain (sur 1,8%), selon les projections du gouvernement. L'export donne l'impulsion de départ, les investissements et la consommation prennent le relais.

En Allemagne, les entreprises réinvestissent les profits tirés de l'export, tandis que la bonne tenue du marché du travail incite aussi les ménages, pourtant traditionnellement peu portés sur la dépense, à ouvrir plus grand leur porte-monnaie, mais pour acheter essentiellement “allemand”. En 2009, la dépendance de l'Allemagne au commerce extérieur l'avait faite sombrer à pic dans la crise, subissant de plein fouet la chute de la demande mondiale. Avec une baisse du PIB de 4,7%, le pays avait été plus touché que la plupart de ses partenaires et voisins. Aujourd'hui, on assiste à l'inverse. Londres a récemment abaissé sa prévision de croissance pour cette année à 1,7%, Rome n'attend plus que 1,1%, Madrid mise encore sur 1,3%, une prévision trop optimiste pour beaucoup. La France table sur 2% mais a recalibré mercredi à la baisse sa prévision pour l'année suivante (à 2,25%), citant un environnement international incertain. D'autres pays de l'Union européenne, comme la Pologne ou la Suède, connaissent aussi des taux de croissance très confortables. Mais comme l'an dernier, l'Allemagne est bien partie pour faire figure de locomotive cette année au moins en zone euro. La bonne performance allemande vient des efforts consentis sous la gestion socialiste, le contraire de chez nous.

Nicolas Miguet
Président du Rassemblement des Contribuables Français