La sécheresse, ce n’est pas une bonne nouvelle pour la France

Le 24-05-2011

Avec une agriculture française sinistrée par des décennies de mauvaises politiques, les moindres aléas climatiques peuvent être catastrophiques. J’ai toujours recommandé aux lecteurs du monde rural qui m’interrogeaient sur la méthode de couverture de leur récolte par des ventes à terme que, au-delà de 60% de leur récolte (moyenne décennale) vendue par anticipation sur les marchés à terme (afin de profiter de bons cours), ils couraient de gros risques. Dans les périodes de sécheresse, non seulement il y a recul du rendement, mais il y a risque d’orages dévastateurs au moment des récoltes, avec la grêle et d’autres calamités. Les agriculteurs qui se sont assurés contre les aléas climatiques avant la fin du mois d’avril (ce n’est plus possible depuis le 21 avril) n’ont pas trop de risque, mais les autres vont souffrir. L’Etat n’a pas les ressources nécessaires pour couvrir les dégâts sur les grandes cultures. Les éleveurs manquent d’herbe (foin...) et vont essayer de récupérer de la paille. Les céréaliers qui n’auront pas de gros rendements en grains vont essayer de valoriser cette paille au mieux, sans compter les frais de transport.

On vous dit que l’agriculture, c’est environ 2% du PIB de la France. Si on tient compte de tout ce qui gravite autour, le vrai chiffre est de l’ordre de 7% à 8% environ. Lorsque les récoltes ne sont pas bonnes, c’est mauvais pour le pays tout entier. Les citadins sont aujourd’hui très détachés du monde rural, car ce sont souvent des arrières-grands parents qui étaient agriculteurs. Personne n’a idée à quel point notre monde a imposé des gains de productivité à la France rurale. Lorsque je suis né, en 1961, un éleveur devait vendre six ou sept moutons pour s’offrir une 2CV camionnette. En 2011, son petit-fils, s’il fait le même métier, doit vendre 160 à 200 moutons pour s’offrir un Berlingo, l’équivalent de cette 2CV camionnette. L’industrie fait des gains de productivité de 3% à 6% par an. Les services marchands de 2% à 3% par an. L’agriculture s’est vue imposée de 2.500 à 3.000% en quelques décennies, soit 10% de gains de productivité en moyenne annuelle, sans relâche. Il y a eu véritable captation de la richesse créée par celles et ceux qui travaillent à nourrir désormais 150 à 200 personnes par actif rural contre 10 à 15 il y a cinquante ans. En plus, la nourriture est globalement plus abondante et meilleure puisque nos enfants sont plus grands que nous, comme nous étions déjà plus grands que nos parents.

Nicolas Miguet
Président du Rassemblement des Contribuables Français